A l'occasion de ses 50 ans, l'EPFL a donné carte blanche à trois photographes de renom pour témoigner de ce qu’est son présent et imag(in)er son futur. C'est avec leurs sensibilités respectives qu'ils ont exploré le campus à la quête de clichés à la fois forts et parlants: Catherine Leutenegger a radiographié la science, Bogdan Konopka a dépeint les bâtiments du campus et Olivier Christinat a photographié les gens. «Regards sur l’EPFL» offre ainsi une vision très complémentaire de la vie de l'Ecole et de son devenir.
"...Comme à son habitude, Olivier Christinat a choisi de s’immerger aussi discrètement que possible dans la vie de l’EPFL, une errance indispensable pour trouver un point de vue insolite : « c’est bien ce qui me fascine dans la photographie du réel ; il finit toujours par se passer quelque chose, et ce que quelque chose ne passe finalement jamais très loin de ce que l’on espérait. »
Dans ses portraits, où seuls les gestes pudiques ou anodins semblent l’intéresser, il ne cherche pas nécessairement à faire ressortir des traits de caractère ou à dramatiser des situations. Dans ce jeu de cache-cache permanent, les visages d’hommes et de femmes se superposent et se répondent les uns aux autres. Le hasard étant un bon compagnon de voyage, Olivier Christinat n’a effectué que peu de recadrage. On entend bien résonner ainsi la remarque de John Stuart Mill selon laquelle « la photographie est une brève complicité entre la prévoyance et le hasard ». Si il y a certes, dans certaines de ses vue plongeantes, des visages net et précis au milieu de la foule, elles montrent plus la vie dans sa profondeur qu’une tentative d’hyperfocalisation…
En laissant les perspectives s’écraser l’une sur l’autre et les plans s’encastrer, l’artiste semble parfois engendrer une lecture altérée de la réalité"
© Extrait du texte de Tatyana Franck, Directrice du Musée de l'Elysée, publié dans le livre "Regards sur l'EPFL", éditions PPUR