Un regard de théologien
Bernard Reymond, théologien
Voilà cinquante ou cent ans, un théologien se serait probablement montré fort surpris de se trouver devant les images d'Olivier Christinat, aux références bibliques évidentes mais qui font tant de place aux nus. Il se serait choqué de ce qu'il aurait tenu pour de l'impudeur et, à supposer qu'il ait consenti à leur accorder malgré tout un regard, leur nudité aurait tellement monopolisé son attention qu'il y aurait vu l'essentiel de leur apocryphité. Il aurait vu de l'érotisme là où il n'y en a pas, du moins pas au sens d'une impudeur maladivement exhibitionniste, et il serait passé du même coup complètement à côté de ce qui, dans ces photographies, se donne précisément à voir. Par le titre même de son livre, Olivier Christinat s'inscrit dans la lignée des apocrypheurs, littéralement de ceux qui " cachent " quelque chose, en réalité de celles et de ceux qui, au contraire, cherchent à faire apparaître à la lumière des aspects que l'on maintenait cachés.
Extrait du texte d'introduction écrit pour le livre "Photographies apocryphes", éditions Marval, 2000